Février 2019

Portrait. ERICK GOKALSING. Au service de la santé mentale

Camille Rosenblatt
Référent d’une cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP), coordinateur du projet de recherche Apsom, président-fondateur de l’association Réuni-Psy, le Dr Érick Gokalsing s’engage pour faire reconnaître la santé mentale comme un enjeu de santé majeur à La Réunion.

 

Erick Gokalsing tombe très tôt dans le milieu médical : sa mère est infirmière générale à l’hôpital Gabriel-Martin (Saint-Paul, Île de La Réunion), et tous les soirs, à la sortie de l’école, il la retrouve sur son lieu de travail. Le jeune garçon apprécie « la gravité et la profondeur propres aux blouses blanches », et c’est tout naturellement qu’il choisit, quelques années plus tard, de rejoindre un cursus en médecine, à l’université de Montpellier. « Au départ, j’étais très intéressé par le système nerveux, et je pensais m’orienter vers la neurologie », confie-t-il. Mais à 22 ans, un stage au sein d’un service dédié aux suicidants le marque profondément : « Rencontrer des personnes qui ont tenté de mettre fin à leurs jours renvoie à quelque chose de très personnel, surtout quand on a de l’empathie. » Un autre stage au Samu l’interpelle également en raison du nombre d’interventions auprès de suicidants. Ces expériences réveillent chez lui le désir de s’engager sur le terrain, sur des situations d’urgence : pensant se spécialiser en anesthésie-réanimation, son classement au concours de l’internat le pousse finalement à choisir une autre spécialité. Ce sera la psychiatrie, domaine qui fait le lien entre son intérêt initial pour le système nerveux et sa volonté de s’engager auprès de personnes en souffrance mentale. Il effectue son internat au CHU de Nice : « Les visions étaient novatrices, intégrant par exemple une vision biologiste de la psychiatrie sans bannir pour autant la psychanalyse. »

À l’issue d’un DEA de psychopathologie à Paris et de sa thèse de médecine, il engage une nouvelle thèse de sciences, sur les fonctions cognitives dans la schizophrénie. Une thématique qu’il approfondit jusqu’au début des années 2000, à la fois comme chercheur, mais aussi dans le cadre de ses fonctions : chef de clinique au CHU de Nice, puis praticien hospitalier au CH Sainte-Marie de Nice, établissement de santé privé d’intérêt collectif, où il est en charge d’une unité d’hospitalisation. Il y fonde entre autres l’association Erahsm (Étude recherche association hospitalière Sainte-Marie), qui vise à fédérer les praticiens répartis sur les cinq sites des hôpitaux Sainte-Marie, par des activités de recherche en réseau. Une initiative qui permettra de décloisonner les approches, et d’impulser de nouvelles méthodes de prise en charge du patient schizophrène ou bipolaire, dont psychoéducatives : « Je garde, de cette période, un sentiment ancré : celui d’une psychiatrie plus proche du patient, plus humaniste qu’aujourd’hui. »