Le Concours Médical
19 Mai 2015

Numerus clausus : Nos néolibéraux marchent sur la tête.

Jean Casanova, Chirurgien hospitalier en Midi-Pyrénées

La lecture des révérencieux journaux nous apprend, en cette fin de mois de Mai, alors que battent leur plein, dans toutes les Facultés de Médecine de France, les examens de 1°année de Santé, que ceux-ci constitueraient, sous le régime du numerus clausus, un véritable gâchis humain.

 

Ce sont du moins les conclusions d'un rapport que vient de remettre à Mme Touraine et Mme Belkacem, respectivement Ministre de la Santé et des Affaires Sociales et Ministre de l'Education Nationale et de l'Enseignement Supérieur, Madame Monique Sassier, haut fonctionnaire et médiatrice à l'Enseignement Supérieur.

 

Et tout d'abord, quelques données chiffrées, que j'introduis pour la bonne compréhension du problème:

- Le numerus clausus (nombre fermé) désigne le nombre fixe d'étudiants admis, chaque année, à l'entrée aux études médicales, après une série d´épreuves, ni examen, ni concours. Il fixe irrémédiablement le nombre d'admis au cursus des professions de santé.

 

Instauré en 1971, à la barre 8500, il dégringolait vertigineusement pour atteindre 3500 en 1993, remontant légèrement depuis le début des années 2000, jusqu'au niveau 7500 en 2013. Raison invoquée à sa mise en place dans les années 70, la pléthore des professions de santé responsable d'un excès de dépenses pour la Sécurité Sociale.

 

Prendre au sérieux cette invocation signifierait donc, message adressé au corps médical : "Faites n'importe quoi ; moins vous serez nombreux à pouvoir le faire, moins cela coûtera". Et pour renchérir dans cette direction, en 1988 était instauré le MICA (mécanisme d'incitation à la cessation d'activité) qui, pour limiter le nombre de médecins libéraux en exercice, les incitait à un départ anticipé en retraite à l'âge de 56 ans, leur arrêt d'activité étant subventionné par une rente moyenne versée jusqu'à l'âge officiel de la retraite. Argument massue : "Ils ne prescriront plus et les dépenses de santé baisseront".