Lundi, Mai 27, 2019

Infirmière de pratique avancée : quelle articulation en équipe ?

La pratique avancée infirmière prend (enfin) son envol. Mais à quelques mois de l’arrivée des premiers IPA diplômés sur le marché, plusieurs questions restent en suspens. Qui sont-ils ? Que feront-ils ? Quelle rémunération ? Comment les intégrer dans une équipe de soins primaires ?

Nouveau métier, nouvelles expertises

La pratique avancée, un statut qui confère aux infirmiers diplômés des compétences élargies et une plus grande autonomie.
Champ d’intervention, lieu de stage, formation… le modèle est-il (trop) hospitalo-centré ?
Alors que les premiers IPA sortiront des bancs des universités dans deux mois, en ville, le modèle économique n’est toujours pas entériné.

Longtemps attendu et âprement négocié, l’exercice en pratique avancée infirmière sera bientôt une réalité. Introduit par la loi de modernisation de notre système de santé du 26 janvier 2016(1), c’est le décret du 18 juillet 2018 qui encadre les modes d’exercice et de formation, ainsi que les missions de l’infirmier en pratique avancée, soit « des activités d’orientation, d’éducation, de prévention ou de dépistage ; des actes d’évaluation et de conclusion clinique, des actes techniques et des actes de surveillance clinique et paraclinique ; des prescriptions de produits de santé non soumis à prescription médicale, des prescriptions d’examens complémentaires, des renouvellements ou adaptations de prescriptions médicales », précise le ministère de la Santé. La pratique avancée infirmière doit ainsi aider à améliorer l’accès aux soins et la qualité du parcours patient, et à libérer du temps médical. Objectif du gouvernement : former 5 000 IPA d’ici la fin du quinquennat, dont la moitié exerceraient en ville… Qu’est-ce que la pratique avancée ? « L’infirmier/ère diplômé/e qui exerce en pratique avancée a acquis des connaissances théoriques, le savoir-faire aux prises de décisions complexes, de même que les compétences cliniques indispensables à la pratique avancée de sa profession », précise le Conseil international des infirmiers (CII). Des compétences élargies – pratique clinique, consultation, leadership, recherche, expertise, conseil, prise de décision éthique, etc. – qui en font des super-infirmières, à la frontière entre l’infirmière et le médecin. Comme le soulignait Agnès Buzyn le 9 juillet 2018, lors du Comité national de suivi du plan d’accès territorial aux soins, « l’exercice par des professionnels paramédicaux de compétences habituellement dévolues aux médecins constitue une innovation majeure qui facilitera l’accès aux soins pour certains patients atteints de pathologies chroniques ». Des propos secondés par Patrick Chamboredon, président de l’Ordre national des infirmiers, ravi de cette « avancée professionnelle » qui confirme « la meilleure reconnaissance du rôle des infirmiers auprès des patients ». DES SUPER-INFIRMIÈRES EN DEVENIR Infirmière responsable d’une équipe de douze infirmières en poste au centre municipal de santé (CMS) de Pantin, en région parisienne, Claudia Monaco s’est inscrite au diplôme d’État (DE) en pratique avancée à l’université Paris-Diderot. Un choix motivé par le besoin de faire reconnaître son expertise : « J’ai intégré en 2015 le projet Prefics (Préfiguration d’infirmiers cliniciens spécialisés) proposé [...]

 

 

Auteurs: 
Karen Ramsay