Vendredi, Octobre 25, 2019

URGENCES. La ville en soutien

La grève dure depuis plus de cinq mois. Si certaines réponses à la crise sont à chercher au sein des hôpitaux (gestion des lits d’aval, organisation interne des services…), des solutions existent au-delà des murs de l’établissement : lien ville-hôpital, relation avec les cliniques, rôle des structures coordonnées…

Des solutions au-delà des murs de l’hôpital ?

Sur les 21 millions de passages annuels aux urgences, 43 % ne relèveraient pas de la médecine d’urgence.
Si les médecins libéraux se disent prêts à s’investir davantage, les permanences des soins ambulatoires (PDSA) ont pourtant du mal à décoller.
Face à cette crise, les idées pourraient venir de la ville.

Engorgées. Saturées. En surchauffe. Au bord de l’explosion. Depuis plusieurs mois, les qualificatifs utilisés pour caractériser les urgences hospitalières traduisent le sentiment qui y règne. Et depuis qu’une grève inédite mobilise 266 services d’urgences (chiffres du collectif Inter-Urgences), tous les acteurs de la chaîne du soin – professionnels hospitaliers et libéraux, structures pluriprofessionnelles, patients et pouvoirs publics – se concertent pour trouver des solutions à la crise, notamment en les soulageant des patients qui pourraient être pris en charge ailleurs. Car sur les quelque 21 millions de passages annuels, combien relèvent réellement de la médecine d’urgence ? Premier avis sur la question : celui de la Cour des comptes. « Il est […] permis de considérer qu’environ 20 % des patients actuels des urgences hospitalières ne devraient pas fréquenter ces structures, et qu’une médecine de ville mieux organisée et dotée des outils idoines devrait pouvoir accueillir une proportion plus importante de ces patients. »(1)

 

20 % OU 43 % ?

Un chiffre que nuance le député-urgentiste (LREM) Thomas Mesnier, dans son rapport sur les soins non programmés(2), en retenant une hypothèse bien plus haute. Se fondant sur l’enquête effectuée par la Drees sur une période de vingt-quatre heures en 2013, il estimait que 43 % des passages seraient inappropriés : « 29 % auraient justifié d’une simple consultation chez le généraliste, 6 % d’une consultation chez le généraliste suivie d’un examen, et 8 % auraient justifié d’une consultation d’un spécialiste. » Le Dr François Braun, président de Samu-Urgences de France, retient le même ordre de grandeur. « On estime que 4 patients sur 10 pourraient être pris en charge autrement », indique-t-il, avant d’ajouter que la réorientation ne constitue pas l’unique solution au problème. « Si on y parvenait, on aurait moins de difficultés… mais pas 40 % de difficultés en moins ! », sourit-il. Car, souligne le Dr Mathias Wargon, chef du service des urgences de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis (Île-de-France), « si les services sont bien organisés, ces patients n’encombrent pas les urgences, mais les salles d’attente. Ce qui n’est pas la même chose ». Reste que la réduction du nombre de patients qui se tournent vers les services d’urgences alors qu’ils pourraient trouver d’autres solutions en ville – bien que n’étant pas la solution à toutes leurs souffrances – peut contribuer à les alléger. Il convient donc, en premier lieu, de comprendre [...]

 

1. « Les urgences hospitalières : des services toujours trop sollicités », rapport de la Cour des comptes, février 2019.
 

 

Auteurs: 
Adrien Renaud et Karen Ramsay