Le Concours Médical
Octobre 2017

Lombalgie commune. Maintenir les activités, objectif clé de l'approche bio-psycho-sociale

Dr Violaine Foltz


La prise en charge de la lombalgie qui reste, en France et en Europe, un problème majeur de santé publique a été révolutionnée ces dernières années grâce à l’évolution des concepts, passant d’une prise en charge passive à une prise en charge active. On ne demande plus au patient de rester au repos strict au lit en attendant que les symptômes s’améliorent, mais au contraire d’apprendre à gérer ses traitements pour que la douleur soit supportable et ainsi rester en activité.

 

En effet, on sait aujourd’hui que la douleur n’est pas un signe de gravité et n’est pas liée à l’importance des lésions locales. Ainsi, ce n’est pas parce que la douleur est plus forte que les lésions rachidiennes seront plus importantes et inversement.

 

Ne plus faire d’imagerie « pour voir »

De ces constatations et des résultats des études d’imagerie ne retrouvant pas de corrélation entre douleur, intensité de la douleur et lésion anatomique, découle le fait que l’imagerie n’a d’intérêt que pour éliminer un autre diagnostic (tumeur, infection, rhumatisme inflammatoire, fracture…) ou discuter un traitement précis (infiltration, chirurgie). Dans les autres cas, l’imagerie montrera forcément des anomalies (discopathie, discopathie dégénérative, arthrose..) sans gravité et pour lesquelles le médecin sera incapable de faire un lien de façon certaine avec la douleur et ne changera en rien son traitement (voire en pire en cas de chirurgie). On ne doit donc plus faire d’imagerie pour « voir » mais pour modifier un diagnostic ou un traitement.

 

Une campagne d’information à l’australienne

Cette nouvelle conception de la lombalgie doit être acceptée par tous : les patients, le grand public, les pouvoirs publics et les soignants. Tant que certains continueront à avoir des craintes, des « fausses » croyances, un autre discours, une autre façon de fonctionner, cette prise en charge active ne pourra être acceptée et mise en place. Malgré tous les efforts faits, par le biais de l’information des patients (consultation, publications...), par le biais de l’information des médecins (formation médicale continue, revues, recommandations, congrès…), ces efforts restent insuffisants, et les craintes ancrées. La prévention primaire doit donc commencer par là : informer en amont le grand public en même temps que les soignants pour avoir un discours unique rassurant concernant les grandes idées par rapport à la prise en charge de la lombalgie : la nécessité d’être actif pour sa santé globale mais également pour éviter d’être lombalgique (ou de s’aggraver si on a une lombalgie), la nocivité du repos. Seule cette stratégie de santé publique coûteuse mise en place en Australie a montré à terme une efficacité pour modifier les craintes et croyances de la population et des soignants, pour diminuer les arrêts de travail et la consommation de soins par rapport à la lombalgie et par conséquent le coût total de la prise en charge.

Reste à convaincre les pouvoirs publics, les entreprises et la caisse d’Assurance maladie d’investir dans une telle campagne en France, dans l’intérêt du patient et de la société.