Le Concours Médical
Avril 2018

SURPOIDS ET OBÉSITÉ DE L’ADULTE. L’interactivité des trois niveaux de recours est essentielle

Pr Michel Krempf


Le plan d’action n’attend plus que davantage de cohésion

 

L’obésité est une maladie complexe, multifactorielle, dont la fréquence croît de manière inquiétante, avec son cortège de comorbidités. La recherche et les sciences fondamentales ont beaucoup progressé pour mieux comprendre l’origine de cette maladie, mais il reste encore beaucoup à faire avant d’observer leur impact sur la prévention et le soin. Nos anciens outils, la diététique, l’activité physique et l’accompagnement comportemental, restent toujours d’actualité, mais ils peuvent et doivent être mieux employés.

 

Le schéma d’organisation du soin qui se met en place aujourd’hui s’articule sur trois niveaux de recours décrits dans ce dossier, mais n’oublions pas que la prévention du surpoids reste le meilleur des traitements. Cet objectif de prévention, véritable enjeu sociétal, doit s’organiser à partir des agences régionales de santé et des collectivités territoriales, impliquant plus de partenaires de terrain et de politiques que de médecins. Certaines régions ont entrepris ce travail, et il est aussi de notre responsabilité médicale d’identifier ces actions et de les promouvoir auprès des patients qui pourraient en bénéficier.

 

• Quand la pathologie est installée, le médecin de premier recours est sollicité. Son rôle est bien décrit dans les recommandations récemment produites par la Haute Autorité de santé, mais n’oublions pas de tenir compte de l’environnement des patients : l’implication de la famille, la mise en contact avec des associations de patients, l’identification de recours pour l’activité physique font partie intégrante du soin.

 

• En cas d’échec pour des objectifs réalistes, le deuxième recours doit être sollicité : ses missions sont claires, mais les moyens nécessaires doivent être mieux identifiés ou installés dans beaucoup de régions. L’articulation public/privé, l’ouverture de centres de moyen séjour spécialisés (SSR) seront probablement un élément important du succès en permettant d’élargir l’offre et les circuits pertinents. Ce deuxième niveau ne doit pas être considéré comme un élément cloisonné, mais s’insérer, comme le troisième recours d’ailleurs, dans une continuité des soins en impliquant tous les acteurs concernés. Cette articulation n’est probablement pas facile à réaliser ; telle était la vocation des réseaux de soins, mais leur efficacité n’est plus reconnue par beaucoup de tutelles. Des modèles plus simples et moins contraignants pourraient prendre le relais en s’adaptant aux conditions et aux potentiels locaux pour lesquels l’échelle régionale représente probablement le bon maillage. La fluidité de l’information pour l’accompagnement des patients est également un enjeu important auquel les nouveaux médias peuvent contribuer. La télémédecine et ses dérivés vont représenter une avancée majeure en multipliant les contacts avec les patients dont il n’est plus à prouver que l’accompagnement est un facteur clé du succès. L’organisation de coopérations interprofessionnelles impliquant fortement le personnel paramédical dans des missions dépassant le cadre légal actuel pourrait être également une stratégie de renforcement de l’accompagnement et faire face à l’ampleur de la demande.

 

Le troisième recours, très centré aujourd’hui sur la chirurgie bariatrique, va évoluer à partir de la création des centres spécialisés de l’obésité pour organiser les filières de soins chirurgicales ou médicales et étendre son activité aux cas complexes ou réfractaires. Ces centres font appel aux techniques modernes et adaptées d’exploration et aux traitements novateurs dans le cadre d’essais thérapeutiques ou de médicaments plus anciens, dont les indications pourraient être repensées et restaurées dans une perspective personnalisée. Les programmes d’éducation thérapeutique issus de ces centres devront impliquer l’ensemble des acteurs et représentent le lien principal entre les différents niveaux de recours. Un autre facteur de cohésion, avec la formation continue (DPC), sera l’organisation d’une recherche clinique. L’essai thérapeutique n’est en effet pas seulement un facteur de progrès mais aussi un vecteur de la qualité des soins et de l’amélioration de la qualité de vie des patients.

 

Le plan d’action est donc clair, et son organisation est en route pour que chacun y trouve sa juste place, dans un souci d’efficacité pour les patients et d’épargne de notre précieux temps médical.