UTAH, un pari réussi sur la qualité pour réduire les coûts de santé
L’une des originalités d’Intermountain Healthcare, du moins par rapport au modèle américain des HMO (Health Maintenance Organization), type Kaiser, c’est l’intégration, qui permet de ne pas opposer les intérêts des uns à ceux des autres, ceux des patients à ceux des professionnels de santé ou du payeur. Intermountain Healthcare a ainsi créé sa propre assurance maladie, avec 700 000 ayant droit, c’est-à-dire le quart de la population de l’Utah, mais il soigne 1,6 million de patients par an, soit 60 % de la population, via une contractualisation avec les autres assureurs. Organisation à but non lucratif, Intermountain Healthcare dispose de 22 hôpitaux, salarie près de 1 300 médecins (sur les 6 000 que compte l’Utah), plus de 3 000 infirmiers en soins avancés. Les processus de soins de santé sont standardisés autant qu’il est possible de le faire pour les pathologies les plus fréquemment rencontrées. Le médicament n’échappe pas à ce processus de standardisation, tel médicament plutôt que tel autre étant recommandé dans telle indication. L’effet volume produit permet alors à Intermountain Healthcare de négocier d’importantes remises auprès du laboratoire pharmaceutique producteur, Bert Zimmerli, vice-président et directeur financier, évoquant l’exemple de l’azithromycine, antibiotique standardisé dans le traitement des pneumopathies, avec une remise pouvant aller jusqu’à 60 % du prix initial !
Nourri par un système d’information performant, Intermountain Healthcare voit ses processus de soins évoluer en continu afin de tendre constamment vers la recherche de l’excellence médicale, ce qui, selon Brent James, responsable de la qualité, consiste à produire le meilleur soin au meilleur coût et à la plus grande satisfaction du patient considéré aussi comme un client.
Dans un article du Journal de droit de la santé et de l’Assurance maladie, paru en fin d’année dernière, P. H. Bréchat, P. Briot et al. (2) écrivaient que « si l’on appliquait le niveau d’organisation d’Intermountain Healthcare à tout le territoire des États-Unis d’Amérique, près de 40 % des dépenses de santé consacrées par Medicare aux plus de 65 ans ayant des maladies chroniques pourraient être économisées dans le pays, soit près de 150 milliards de dollars par an, tandis que les mesures de qualité s’amélioreraient » ! Un constat à méditer alors qu’en France, on réfléchit encore à l’ouverture des données de la base du Sniiram !
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