Entretien Arnaud Robinet." Le tiers payant généralisé est une mesure d’affichage"
Quelle serait la première mesure que vous prendriez si l’UMP revenait au pouvoir ?
La première chose à faire serait de redonner confiance aux professionnels de santé en organisant une conférence, et ce avant de s’engager dans une quelconque loi. Depuis des années, chaque ministre veut faire voter une loi de santé à son nom sans qu’il n’y ait forcément de mesures concrètes derrière. Je pense que l’urgence sera d’enclencher une réflexion sur la rémunération des médecins généralistes. C’est dévalorisant de se battre pour 1 ou 2 euros supplémentaires ! Il faut remettre à plat la nomenclature de la rémunéra¬tion des actes. Par ailleurs, sur le financement de la protection sociale, on ne peut plus continuer sur ce système qui a 70 ans. Il faut donner plus de poids aux complé¬mentaires et diminuer la prise en charge par l’Assurance maladie. Cela vaut aussi pour les retraites.
L’autre défi majeur pour les années à venir est de restaurer l’attractivité de la médecine générale. Quelles sont vos propositions sur ce sujet ?
Les attentes des jeunes médecins ont changé : ils souhaitent davantage travailler en maison de santé, en tant que salarié. Mais cela ne résoudra pas le problème car le salariat engendre des coûts supplémentaires. Je pense qu’il faut aller plus loin dans la découverte de cette spécialité avec plus de stages dans les cabinets ruraux et un meilleur accompagnement des étudiants. Je propose par exemple, dans le cadre de la réforme des régions, qu’il y ait un référent installation dans chaque faculté, alors qu’aujourd’hui ils ne sont présents que dans les agences régionales de santé (ARS). En Champagne-Ardenne, cela veut dire que le référent se trouverait à Strasbourg. Enfin, je défends la liberté d’installation, mais jusqu’où ? Tout doit être posé sur la table, en concertation avec les professionnels. Faut-il déverrouiller le numerus clausus ? C’est une question qui devra être posée.
Tout le monde s’accorde à reconnaître les surcapacités hospitalières en France. Mais aucun élu local ne veut fermer son hôpital. Comment s’en sortir ?
Ce qui est clair c’est que nous ne pourrons pas garder des hôpitaux sur l’ensemble du territoire. Je suis favorable à la coopération entre établissements, y compris privés, à travers l’échange de praticiens, de formation... Mais le corporatisme est encore très puissant dans le milieu hospitalier, avec les gentils d’un côté, et les méchants de l’autre. On ne peut plus continuer sur ce schéma. L’argent public se fait de plus en plus rare, la société a évolué, nous devons nous adapter. Près du CHU de Reims va se construire la plus grande clinique de France. Je ne veux pas de concurrence entre les deux mais au contraire une coopération intelligente. L’hôpital doit retrouver ses missions d’excellence que sont la recherche et l’innovation. Cela ne pourra se faire que si, en contrepartie, le privé assure un service public hospitalier. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui à cause de réticences trop fortes de part et d’autre.
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