ÉTUDE. Quelle articulation entre soins primaires et médecine spécialisée ?
Ainsi, en Angleterre, les community matrons, des infirmières cliniciennes seniors spécialisées dans la gestion de patients âgés complexes à domicile, identifient les besoins, émettent un diagnostic, prescrivent des médicaments, et peuvent référer le patient à un spécialiste sans passer par le généraliste. « Je n’ai pas le même focus qu’un médecin : je me concentre sur la valeur que les gens accordent à leur diagnostic, quel qu’il soit. Pour moi, le soin, c’est avant tout ce qu’en dit le patient », explique l’une d'entre elles.
L’étude rapporte que les spécialistes voudraient « mieux s’impliquer dans le suivi global du patient et la prévention des risques et des complications évitables », précisent les auteurs. En Angleterre, des « consultants » étudient les dossiers médicaux rédigés par les généralistes pour les accompagner dans le diagnostic de bronchopneumopathie chronique obstructive et leur proposer des formations directement au sein de leur cabinet. Aux États-Unis, des « navigateurs » en oncologie – poste occupé par des infirmières, des IPA, des kinésithérapeutes ou encore des assistantes sociales – interviennent comme soignants référents auprès des patients, tant pour des questions médicales que plus pratiques d’accès aux soins et services médicosociaux.
« Les nouvelles organisations de soins que nous avons observées sont le résultat d’une réflexion collective des professionnels de santé locaux et des pouvoirs publics sur la meilleure manière de prendre soin de la population de leur territoire », analysent les auteurs. Des organisations qui supposent de nouvelles répartitions des tâches et des responsabilités. Et dans cet écosystème, le médecin spécialiste, qu’il soit coordinateur, consultant, formateur ou pivot, a une multiplicité de fonctions, à la frontière souvent des différentes professions et organisations.