Juillet 2015
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Entretien Arnaud Robinet." Le tiers payant généralisé est une mesure d’affichage"

Concepcion Alvarez
Entretien
Député de la Marne, maire de Reims et secrétaire national de l’UMP en charge de la santé, Arnaud Robinet revient sur l’adoption de la loi de Santé et sur les enjeux à venir concernant les professionnels de santé et le système de protection sociale.

 

Le tiers payant généralisé (TPG) doit être mis en place d’ici 2017. Selon un récent sondage*, 62 % des Français interrogés y sont favorables. Reviendrez-vous alors sur cette mesure phare de la loi de santé, en cas d’alternance politique ?

Encore faut-il que le TPG soit appliqué d’ici là ! Ce qui est loin d’être évident. Si nous étions sûrs que ça fonctionne, ce serait une vraie simplification administrative pour les médecins. Mais aujourd’hui, techniquement, rien n’a été réglé. Tout repose sur la Cnam, mais nous ne savons pas comment il va être mis en place. Cela semble très compliqué, moi je n’y crois pas du tout. C’est une mesure politique, d’affichage, rien d’autre. Par ailleurs, le TPG pose la question de la déresponsabilisation des Français face à la santé que nous faisons passer pour un produit courant. Enfin, en termes d’accès aux soins, je ne suis pas sûre que ce soit la solution. Aujourd’hui, les publics les plus défavorisés sont déjà pris en charge et bénéficient déjà du TPG. Il aurait mieux fallu une mesure forte sur le reste à charge concernant les frais d’optique ou les soins dentaires.

 

Quelles sont les autres critiques que vous portez sur la loi de Santé ?

Il y a d’abord la méthode. Sur le délai de réflexion avant une IVG par exemple, l’amendement a été déposé à 2 h du matin! C’est inacceptable ! C’est un sujet trop important qui méritait un débat. Sur les établissements privés, la ministre les oppose systématiquement au public. Or, je pense que les deux peuvent être complémentaires. Le privé a toute sa place dans l’offre de soins, et c’est ce qui fait la richesse de notre système de santé. Cette loi est beaucoup trop dogmatique, elle entend étatiser le système de santé et tuer la médecine libérale. D’ailleurs, il y a longtemps que nous n’assistions pas à une telle mobilisation de l’ensemble des professionnels de santé. Je pense qu’il aurait fallu faire deux lois : une sur le système de santé en concertation avec les professionnels et l’autre sur la prévention. Car, sur ce volet-là, la loi apporte des mesures intéressantes, dans le cadre de la lutte contre le tabagisme notamment. Ce sont de vrais sujets de société même si l’État n’est pas là pour dicter la vie du citoyen et qu’il faut lui laisser une certaine liberté, un terme auquel je suis profondément attaché.

 

* Sondage Odoxa-FTI Consulting pour Les Echos et Radio Classique, publié le 14/04/15.

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