Juin 2018

LA TÉLÉMÉDECINE. Bientôt consacrée, malgré les réticences ?

Mais Patrick Jourdain temporise : « A-t-on vraiment besoin d’une formation initiale pour la vidéo ? D’autant plus que d’ici dix ou quinze ans, la technique aura bien changé. » Il convient selon lui de sensibiliser aux enjeux de la télémédecine et d’axer sur la formation continue entre médecins, amenée à se développer de plus en plus. Mais les médecins sont-ils prêts ? « Quelques personnes au sein de mon syndicat y voient l’avenir de la médecine libérale, d’autres pas », constate Jean-Paul Hamon. Patrick Jourdain est, lui, convaincu qu’elle sera bientôt incontournable : « D’ici quelques années, elle fera partie de notre quotidien, on n’y pensera même plus ». Médecin généraliste dans le Finistère, Philippe juge l’idée pertinente mais voit difficilement comment la mettre en place : « Mon agenda est déjà surchargé… et je n’envisage pas de faire moins de consultations en présentiel pour dégager du temps. » La Caisse nationale d’Assurance maladie table quant à elle sur plus d’un million d’actes de télémédecine par an en 2021.

 

LA QUESTION DU HAUT DÉBIT

 

Enfin, il reste à prendre en compte le paramètre déterminant qu’est la qualité de la connexion internet. Le haut débit et une bonne couverture réseau sont indispensables pour le bon déroulement de la télésurveillance des patients, ou encore pour bénéficier d’une bonne imagerie lors des téléconsultations. En France, la carte des déserts médicaux recoupe bien souvent celle des zones blanches, où le débit est faible et où la 4G ne passe pas. L’Hexagone se classe en effet au 24e rang du classement de la Commission européenne en termes de 4G. Le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé que tous les Français seraient éligibles au haut débit d’ici à 2020, mais il s’agit d’une « promesse difficilement tenable », selon le sénateur Les Républicains du Bas-Rhin, Guy-Dominique Kennel. L’usage de la télémédecine pourrait ainsi recréer un facteur d’inégalité en termes d’accès aux soins, auquel viendrait se greffer celui de la fracture numérique. Cette dernière touche notamment les personnes âgées ou les ménages les plus modestes, qui ne disposent pas d’équipements connectés…