PORTRAIT. Thomas Petit : l’expertise du médicament
Autre frein selon lui : l’impossibilité d’avoir accès aux données du patient. « Les textes de loi nous donnent l’accessibilité au dossier médical partagé (DMP), mais nos logiciels ne sont toujours pas à jour. » Des obstacles qui enferment le pharmacien dans un fonctionnement « qui ne correspond pas à ses compétences, à son niveau de formation », estime-t-il, avant de souligner : « Nous sommes la profession la plus diplômée à être accessible sans rendez-vous, pour dispenser des conseils gratuitement. Il faut que cela change afin de mettre en valeur notre acte intellectuel, peut-être en rémunérant moins la dispensation du médicament, mais davantage les conseils et l’analyse de l’ordonnance. Je ne remettrai jamais en cause le diagnostic d’un médecin, mais je veux pouvoir lui faire gagner du temps en m’occupant de la prescription. » Il faut donc, selon lui, « créer un lien de confiance avec les médecins, afin que l’on puisse, sur un territoire donné, compter les uns sur les autres et sur les compétences de chacun ». Le travail en interprofessionnalité prend, alors, tout son sens.
Sensibilisé à cette approche des soins pendant ses études – sa thèse portait sur la mise en place d’un protocole pluriprofessionnel de soins de premier recours pour la prise en charge de la rhinopharyngite –, il en est aujourd’hui un fervent défenseur. « L’interprofessionnalité est indispensable pour une prise en charge de qualité, car elle permet de mettre en perspective les connaissances et les expériences des professionnels de santé impliqués. » Ainsi, depuis son installation comme pharmacien adjoint, il fait partie de la MSP du Migennois : « Je ne me vois pas exercer mon métier sans partager avec les médecins, les infirmières, les kinésithérapeutes, avec qui nous échangeons beaucoup pendant les réunions de concertation. » Une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) est également en cours d’élaboration : « Nous devions présenter le projet à l’ensemble des acteurs du territoire en mars, mais la réunion a été annulée en raison de la crise sanitaire, fait-il savoir, précisant que l’épidémie de Covid-19 a eu un impact organisationnel sur l’officine. Nous avons complètement modifié notre façon d’exercer, pour respecter les gestes barrières et éviter toute contamination. Et avons développé les dispensations à domicile. »