Le Concours Médical
Juin 2020

MSP DES CORDELIERS. Covid-19 : le protocole grippe comme point de départ

Jonathan Herchkovitch

Un exercice plutôt mal vécu, explique-t-il, en raison des modifications permanentes des recommandations. « J’ai fini par appeler l’ARS en leur expliquant que des documents de 30 pages tous les trois jours, ça ne servait à rien car nous n’avions de toute manière pas le temps de les lire », confie le médecin.

Au total, ce sont 320 patients avec suspicion de Covid-19 qui ont consulté, et jusqu’à 75 pour la semaine la plus chargée. « Les patients ont été recensés dans un tableau commun aux professionnels de la structure, sur une application Google Sheets partagée qui regroupait les renseignements nécessaires à leur suivi, explique le généraliste. Un protocole d’appel a été mis en place à J-4, J-7, J-10, J-14 et J-21, géré notamment par une consoeur en télétravail, ce qui a profité au bon suivi des Covid suspects. »

 

LES PATIENTS COVID ET LES AUTRES

La structure, en plus de gérer l’afflux de malades, s’est également enquise de la santé de sa file active. Les professionnels de santé dont l’exercice avait dû être interrompu se sont proposés pour appeler tous les patients âgés de plus de 80 ans, soit 250 personnes. Parmi eux, 50 ont été rappelés immédiatement par les médecins, et des cas ont été signalés aux organismes locaux, certaines personnes étant particulièrement isolées pendant la crise.

« Nos agendas sont remplis très à l’avance pour les consultations de patients chroniques. À l’approche des consultations, nous avons décidé de les appeler eux aussi pour savoir si leur présence était nécessaire. » L’équipe a ainsi pu assurer un suivi et renouveler les ordonnances, tout en laissant de la place pour les consultations plus urgentes.

« Grâce à cette organisation, nous n’avons finalement pas eu de changement significatif de l’activité, note le Dr Philippe Boisnault. En revanche, la charge mentale était énorme, pour s’organiser, pour tous faire la même chose en termes de suivi, d’arrêts de travail, de gestion des fragilités, pour briefer les équipes tous les deux jours… Seul, ça n’aurait pas été possible. »