Juin 2018

MARIE-HÉLÈNE CERTAIN. Une vision d'avenir de la médecine générale

Valérie Devillaine

 

Une gageure que de regrouper toutes les composantes de la médecine générale : les quatre syndicats, les sociétés scientifiques, la représentation académique et une composante associative avec les associations de formation, SOS Médecins, les jeunes médecins, etc. Au total, 24 structures qui permettent désormais au Collège « de labelliser, coordonner et légitimer des travaux réalisés conjointement, d’avoir une expertise et d’être un interlocuteur pour les institutions », explique le médecin. La « marque de fabrique » du Collège, pour elle, c’est que « la médecine générale est une discipline scientifique, avec des concepts, des contenus, des recommandations pour lesquels il faut développer la recherche en soins primaires. Et c’est aussi une discipline d’exercice, c’est-à-dire un métier. Et l’un ne va pas sans l’autre. Tous les travaux du Collège doivent avoir des bases scientifiques mais il faut aussi penser métier, parcours de soins, de santé, application sur le terrain, faisabilité, comment travailler en équipe sur un territoire… ».

 

AU COEUR DES SOINS PRIMAIRES

La MSP, c’est donc pour elle le modèle le plus abouti de cette pratique de la médecine générale, même si « ça ne peut pas être le modèle unique. Certains médecins préfèrent travailler seuls ou dans de petites structures, mais la dynamique de pôle est importante : il faut que la MSP sorte de ses murs et que les autres y entrent ».

Il aura fallu près de sept ans pour que cette MSP des Mureaux, baptisée Philippe-Marze en hommage à ce confrère parti trop tôt, voie le jour. L’idée était née en 2001 « avec d’autres médecins déjà engagés professionnellement : le Dr Pascal Clerc, dans la recherche et l’enseignement, le Dr Arnaud Tesmoingt et moi dans le syndicalisme, puis sur la ville des Mureaux. Nous étions dans la mouvance de l’évolution du métier : regroupement, pluriprofessionnalité... On s’est dit que ce serait bien de faire une maison de santé et même un pôle de santé. Il y avait en plus l’enjeu démographique : la moyenne d’âge des médecins généralistes aux Mureaux était de plus de 55 ans. Nous savions déjà que ça serait à terme la “cata” et depuis, une dizaine sont partis en retraite, en maladie ou décédés. Et des anciens, qui avaient de grosses patientèles. On n’est plus qu’une vingtaine de généralistes. Nous avions anticipé la situation qui est maintenant une évidence pour tout le monde. Mais à ce moment-là, il a fallu convaincre les élus locaux et ils ont mis un peu de temps », confie le Dr Certain. Le projet visait donc à conserver et même étoffer l’offre de soins primaires dans le secteur pour faciliter l’accès à la santé et un parcours de soins du patient atteint de maladie chronique, notamment de diabète, compte tenu de la forte population issue d’Afrique du Nord et d’Afrique subsaharienne. Également sur la table : un projet avec la mairie sur l’obésité chez les jeunes, le repérage des patients âgés fragiles, l’enseignement (la MSP compte trois maîtres de stage, une chef de clinique et un enseignant associé), la santé mentale, les « dys », un parcours maternité… Les sujets ne manquent pas !