Novembre 2019

PORTRAIT. Théo Lemouton : aux petits soins des futures mères

Laure Martin
Diplômé depuis 2015, Théo Lemouton est maïeuticien au sein de la MSP des Deux Portes, dans le XXe arrondissement de Paris. Une structure pour laquelle il se forme également au rôle de coordinateur. Souvent seul homme dans un milieu presque exclusivement féminin, il reconnaît avoir vécu des situations discriminantes, notamment de la part de collègues sages-femmes.

 

Il le reconnaît volontiers : « Je voulais être médecin, mais mon classement au concours ne m’en a pas donné la possibilité… alors j’ai choisi d’être maïeuticien. » Pourquoi ce choix ? « Je voulais exercer un métier de soins, aider les femmes dans leur grossesse, après l’accouchement, faire de la gynécologie... Je trouvais ça beau et intéressant. » Car, pour Théo Lemouton, « le métier de sage-femme est noble. Dans notre exercice quotidien, nous avons, selon moi, moins d’aspects négatifs que les médecins, quotidiennement confrontés à la maladie, à des pathologies, et devant annoncer de mauvaises nouvelles à leurs patients ».

Après des études à Rouen, Théo Lemouton sort diplômé en 2015 et se met en quête d’un poste à l’hôpital. C’est là qu’il est confronté aux premières difficultés. « Pendant mes études, j’ai été aide-soignant dans une maternité. Lorsque j’ai postulé, la direction n’a pas voulu m’embaucher car on m’a fait comprendre que j’allais avoir trop de proximité avec les aides-soignantes… » Et en aucun cas, il ne souhaite travailler au centre hospitalier universitaire (CHU) où il a vécu une mauvaise expérience en stage : « Je ne voulais pas devenir le collègue d’une sage-femme en particulier, avec laquelle j’ai entretenu des rapports très tendus. J’ai été confronté à des sages-femmes qui transmettent leur enseignement “à la dure”, qui rabaissent… »

Il a également vécu des situations discriminantes, notamment de la part de consoeurs. « Beaucoup de sages-femmes ont encore une vision ancienne de la profession, même des jeunes professionnelles, indique-t-il. Elles estiment que ce métier est “une affaire de femmes” et que les hommes n’ont rien à faire là. Elles le disent clairement ! C’est de la discrimination ! » Ce qui n’est pas le cas, d’après lui, des autres professions de santé qui considèrent que la présence d’un homme est positive et apporte de la diversité à ce métier exercé à 98 % par des femmes. « Quand j’étais étudiant stagiaire à l’hôpital, j’ai eu droit à des refus de soins venant parfois des maris… L’avantage du libéral, c’est que les patientes savent d’emblée qu’elles seront face à un homme car elles choisissent leur soignant. »