Avril 2019

Portrait. JEAN-LUC PLAVIS PATIENT-EXPERT, PARCOURS D’UNE VIE

Camille Rosenblatt
Coordinateur régional de la délégation Île-de-France de France Assos Santé, Jean-Luc Plavis est également patient-expert à la maison de santé des Chênes qu’il a cofondée en 2016 à Suresnes. Atteint de la maladie de Crohn, il s’appuie sur son expérience de vie pour accompagner des patients en situation complexe.

 

Plus jeune, Jean-Luc Plavis se destinait à une carrière dans la restauration. Son diplôme d’école hôtelière en poche, il travaille comme cuisinier et pâtissier à Paris et à Londres. Au retour de son service militaire, il doit brutalement renoncer à son projet professionnel car on lui diagnostique une rectocolite hémorragique. Désireux d’un nouveau départ et convaincu que « la maladie sera plus supportable sous le soleil », il s’expatrie dans le Sud de la France, plus précisément à Toulon. Mais la stabilisation est rude : pendant quinze ans, sa faible réceptivité aux traitements le plonge dans des états de fatigue profonds l’empêchant de développer une vie professionnelle et sociale. Malgré des formations en droit, ressources humaines et comptabilité réalisées dans le cadre de sa réorientation, il peine à décrocher des emplois durables. « Durant cette période, j’ai eu plusieurs vies : j’ai été intérimaire en opérations bancaires, opérateur de télémarketing… et même DJ et détective privé ! », raconte-t-il en riant.

C’est à la terrasse d’un café toulonnais que le vent tourne, notamment lors d’une rencontre avec le président de l’association À votre écoute (AVE), investie auprès des personnes séropositives, qui est à la recherche d’un employé d’accueil. C’est finalement en tant que responsable administratif et juridique qu’il sera embauché pour régler des affaires litigieuses en cours et reprendre les éléments comptables de la structure. Il s’investit rapidement sur d’autres terrains de l’association, au plus proche des usagers : il crée notamment un restaurant associatif, comme un clin d’oeil à ses ambitions passées de cuistot, ainsi qu’un salon de coiffure et un cybercafé. En 2005, en conséquence d’une fistule anale, son pronostic vital est engagé… et, dans le même temps, son père décède à Suresnes. Il est donc contraint de revenir précipitamment en région parisienne. Nouveau contrecoup, car on lui révèle que son diagnostic initial, réalisé quinze ans plus tôt, est erroné : il est en fait atteint de la maladie de Crohn : « Il faut se remettre dans le contexte : c’était trente ans en arrière, et les deux maladies sont très proches. L’erreur de diagnostic est compréhensible. » Comme la pièce manquante d’un puzzle, cette information permet de réajuster son traitement, améliorant ainsi son quotidien.