Janvier 2020

PORTRAIT. Élodie Montaigne : la soif de transmettre

Françoise Vlaëmynck
Infirmière libérale à Paimpont en Ille-et-Vilaine, experte en gérontologie, Élodie Montaigne partage son temps entre son cabinet, son activité de référente Paerpa à la MSP de Brocéliande, et l’université de Rennes où elle co-coordonne les masters de pratique avancée. Une activité intense qui alimente sa pratique et sa réflexion tout autant.

 

Après une année à l’université, Élodie Montaigne n’est pas séduite par les études de médecine… Heureusement, car, en cas contraire, elle ne serait jamais devenue infirmière ! Et encore s’est-elle donné le temps de la réflexion pour négocier ce nouveau tournant. « J’hésitais. J’avais sans doute un peu peur de ne pas faire le bon choix », se souvient-elle. C’est son premier stage hospitalier qui emportera sa décision. Infirmière elle sera. Et s’inscrit ainsi dans les pas de sa mère, infirmière libérale à Paimpont, petit bourg situé au coeur de la mythique forêt de Brocéliande où vit la famille. Mais pas trop quand même... « À l’époque, je n’avais pas envie de devenir libérale, pas plus d’ailleurs que de travailler à l’hôpital. » En 2003, dûment diplômée, c’est pourtant au centre hospitalier de Ploërmel, dans le Morbihan, qu’elle prend poste.

Rapidement, à l’occasion d’une restructuration, Élodie Montaigne opte pour le service de nuit. « La nuit, c’est un autre univers, d’autres soins, une autre relation qui se noue avec les patients mais aussi avec les collègues. En plus de jouir d’une plus grande autonomie, on a aussi davantage de temps pour être plus attentif à l’autre, plus à son écoute. » Et ce temps « en plus » se traduit par plus d’humanité. Une valeur essentielle pour la jeune soignante. Après six années passées en chirurgie puis en médecine polyvalente, elle saute malgré tout le pas vers le libéral et rejoint le cabinet infirmier maternel. Une situation qui, de prime abord, semble confortable mais engendre aussi son lot de difficultés. « Outre le fait que ma mère et moi n’avions ni la même formation ni la même façon de travailler, il a fallu que je trouve ma place pour ne pas rester “la fille de”, notamment auprès de ses patients dont je connaissais certains depuis l’enfance. Ce qui pose aussi la question de la juste distance avec ses patients, mais je crois que cette interrogation est permanente et qu’elle taraude nombre de soignants… » Côté pratique, le fait de ne pas avoir à constituer sa clientèle lui libère l’esprit mais aussi un bien précieux : du temps.